KENZAN (OGATA)

KENZAN (OGATA)
KENZAN (OGATA)

L’ère Genroku (1688-1703) vit l’apogée de l’artisanat de Ky 拏to. La plupart des soieries et des laques y furent fabriqués par les héritiers d’une longue tradition constamment renouvelée par une clientèle au goût raffiné et d’une haute culture. C’est à cette époque que Nonomura Ninsei et Ogata Kenzan furent les initiateurs d’un nouvel art céramique richement décoré. Son succès fut à l’origine d’une importante production qui s’est perpétuée avec plus ou moins de bonheur au cours des XVIIIe et XIXe siècles. Mais cette période si brillante vit la ruine des grandes familles marchandes à qui les daimy 拏 furent dans l’impossibilité de rembourser les sommes qu’ils leur avaient empruntées. Tel fut le sort de la Karigane-ya, spécialisée dans les soieries somptueuses, fondée plus d’un siècle auparavant par la famille Ogata dont K 拏rin et Kenzan étaient les descendants.

Le frère cadet de K size=5拏rin

Comme son frère Ichinoj 拏, I-in, fils d’Ogata S 拏ken, reçut l’éducation soignée d’un fils de famille riche. Il manifesta de bonne heure ses dons de calligraphe, s’intéressa à la poésie chinoise et japonaise et pratiqua la cérémonie du thé. Il s’initia aussi au zen et prit le nom de Shinsei. Moins avide de mondanités que son aîné, il mena une vie retirée au Shuseid 拏, demeure qu’il s’était fait bâtir, en 1689, près de Ninna-ji, au nord-ouest de Ky 拏to. Il fréquenta l’atelier de Nonomura Ninsei. Ce dernier, dont l’habileté au tour était renommée, avait créé un genre nouveau en ornant les récipients destinés à la cérémonie du thé de décors peints dans le style des Kan 拏 ou des Tosa, à l’aide d’émaux de petit feu. Il reçut aussi des conseils d’Ichiny , quatrième de la lignée des Raku ainsi que ceux de K 拏h 拏, petit-fils de K 拏etsu. Shinsei a reconnu sa dette envers eux dans les notes qu’il rédigea à Edo, à la fin de sa vie (T 拏k 拏 hitsu-y 拏, l’Essentiel pour l’art céramique ).

La période de Narutaki

Vers 1697, sa situation financière étant devenue difficile, Shinsei ouvrit son propre four à Narutaki, dans les collines du nord de Ky 拏to, prenant alors le nom de Kenzan. Ses premières œuvres furent des plats carrés destinés à la présentation des gâteaux accompagnant le thé du cha-no-yu . Ces grès, revêtus d’un englobe blanc, furent, à sa demande, ornés par K 拏rin de croquis légers en brun de fer évoquant les dessins à l’encre; le potier y joignit des poèmes chinois ou japonais dans sa calligraphie très personnelle. Ce parti nouveau s’inspirait des bleu et blanc de la fin des Ming, si nombreux au Japon. La plupart des pièces qu’il produisit entre 1699 et 1701 furent ainsi décorées par son frère. À cette date, K 拏rin ayant reçu le titre de H 拏kky 拏, son disciple Watanabe Shiko (1683-1755) le remplaça auprès de Kenzan qui était aussi secondé par le fils naturel de Ninsei, Ihachi. Kenzan, tout en expérimentant des mélanges de terre et en mêlant du cobalt au brun de fer pour obtenir des noirs francs, y adjoignit des motifs colorés, utilisant les glaçures à base de plomb employées pour les raku . Mais cet emploi, qui dans les raku se limitait à des superpositions de glaçures, fut modifié par Kenzan qui s’en servit pour de véritables peintures, imitant, comme dans ses assiettes à décor de «papiers découpés», les tonalités des biscuits chinois. C’est à cette époque que pourrait remonter la première série des assiettes aux compositions très simples et légèrement colorées, évoquant les motifs chinois de l’école Kan 拏 et agrémentées de poésies de l’époque Heian.

La période de Ky size=5拏to

En 1713, Kenzan ferma son four et s’établit en pleine ville, entreprenant un commerce de céramique qu’il faisait cuire dans les fours du voisinage. Il fut comme auparavant aidé par Watanabe Shik 拏, l’un des disciples de K 拏rin, et par un émule des raku . Sa production très importante comporte surtout de la vaisselle de table: assiettes rondes ou carrées, en forme de feuille, de fleur de chrysanthème, de pêche, coupes à bord ondulé, corbeilles à gâteaux, bols. Il imite parfois dans ses décors de fleurs les tons violents des céramiques dites g 拏su aka-e , porcelaines assez lourdes importées de Chine du Sud; il détache des semis de fleurs blanches sur des fonds vert sombre, diversifiant les motifs, comme dans la série des assiettes rondes du musée Nezu à T 拏ky 拏, qui portent chacune un décor différent de bateaux à voiles se profilant sur les flots, de branches fleuries, d’ondes et d’ornements dorés.

La calligraphie continue à jouer un rôle important, comme dans le plat rectangulaire décoré du portrait de six poètes entourés de leurs poèmes, ou dans les vases ornés sur une face d’un rameau fleuri et sur l’autre d’une poésie.

L’inspiration de Kenzan est extrêmement variée: motifs chinois d’oiseaux ou de dragons disposés en panneaux, grosses fleurs aux couleurs vives ou croquis en noir s’inspirant du lavis.

La période d’Edo

En 1731, Kenzan se rendit à Edo dans la suite d’un membre de l’aristocratie et ouvrit un four à Iriya. Il eut alors la clientèle du sh 拏gun et celle des grands daimy 拏 . Dans les dernières années de sa vie, il s’adonna à la peinture dans une série d’œuvres de format moins ample que celles de son frère. L’influence de ce dernier est visible dans certaines de ces compositions, mais il semble s’en être rapidement dégagé, révélant un tempérament plus sensible et plus poétique dans ses Roses trémières traitées sans cerne à l’encre de Chine; grâce à des nuances très délicates, ces fleurs semblent être modelées à l’aide de couleurs. Il oppose traits appuyés et touches légères dans Une plante et son fruit ainsi que dans les Saules au printemps (au Yamato Bunka-kan, près de Nara). Dans cette peinture, une moitié de la composition est occupée par le tronc d’un vieux saule aux branches fines et souples mouchetées de bourgeons, l’autre moitié portant un poème que l’on attribue à l’artiste. On retrouve cette alliance intime de la calligraphie et de la peinture dans Paniers de fleurs d’automne , où trois corbeilles en bambous disposées sans apprêt s’organisent avec la longue signature, tracée sur le côté gauche: «Peint par Shisui Shinsei, l’oisif de Ky 拏to, 1739». Cette liberté du pinceau se retrouve dans une boîte à vêtements en bois de paulownia qu’il décora, l’année même de sa mort, d’un panier tressé flottant sur l’onde, au-dessus de laquelle se profilent quelques oiseaux rehaussés d’or, tandis que les bords et le revers sont ornés d’herbes folles tracées en couleurs vives.

En 1737, Kenzan rendit visite à des amis dans le village de San 拏, au nord d’Edo Il y séjourna quelques mois et dut y créer quelques céramiques, car ces œuvres furent longtemps imitées dans cette région. Il laissa aussi des disciples à Edo ainsi qu’à Ky 拏to, et son style fut ainsi perpétué pendant de longues années. Mais les créations de ces émules ont moins d’élégance et les décors aux tons plus violents ne font plus montre de cette sensibilité poétique et raffinée qui donne une valeur toute particulière à l’art de Kenzan. Son nom fut repris par son fils adoptif Ihachi, connu sous le titre de Kenzan II, et la lignée s’est perpétuée jusqu’à nos jours, avec Tomimoto Kenkichi (1886-1963) et Bernard Leach (potier anglais) qui devaient se partager celui de Kenzan VII.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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